Daniel Chavaroche au théâtre de poche
15 FÉVRIER
« VENT DE BEUNE »
DANIEL CHAVAROCHE
Dans les siècles passés, la Grande et la Petite « béouno » ont été des lieux de vie très actifs et deux grandes voies de communication. Leurs eaux se concertent un instant sous Sireuil et vont calmement influencer la Vézère, aux Eyzies de Tayac. »
La Beune, ça se hume, ça s’écoute, ça se devine, ça se piète…
Sors du chemin. Marche dans le creux de la vallée, évite les bottes en caoutchouc qui s’imposent au premier quidam citadin qui a peur de se mouiller les pieds (on va tolérer pour cette fois). Il te faut des chaussures qui vont laisser passer la fraicheur de l’eau et de la boue. L’idéal c’est nu-pied. Goûte la viscosité de la fange, sa profondeur, sa froideur, sa « pégance », sa « gaulhitude »… Les mots en français pour parler du marais ne vont pas bien, il te faut connaître les mots en oc, bien plus précis.
Écarte les mains et caresse la roselière, la rausa, la canavèle ou le roseau à gros chatons. En passant, tu éprouves le coupant des feuilles, leur séché, leur rèche.
Ferme les yeux et glisse-toi sous les feuillages, avance sous les effleurements du vime, du trémoul ou du vergne, sens bien leur différence d’abattis et de fraicheur d’ombre. Parfois une ronce viendra te rappeler son attachement, ne tire pas bêtement, contourne-la, fais-lui sentir que tu l’aimes aussi, elle te laissera partir sans encombre.
Si tu as un peu de sensibilité et quelque savoir, laisse-toi gagner par le souvenir de leur épopée, aux temps pas si lointains des moulins à grain, à huile, à cuir, à chanvre, à laine, à fer, qui jalonnaient leur cours. Imagine la foison de travailleurs qui vivaient là !
Rappelle-toi les châteaux ou maisons fortes qui profitaient de ce fourmillement humain sur les grands chemins et qui y prélevaient leur manne, se faisant tantôt protecteurs, tantôt brigands de sac et de corde ou les deux à la fois…
Tout ça n’existe plus, tu trouveras ces souvenirs dans quelques monographies de natifs ou dans leur mémoire, quand ils l’ont entretenue. Ecoute-les, ils t’en raconteront de belles !
Mais surtout, apprends bien à renifler le vent de Beune, c’est lui qui raconte les histoires du temps passé, l’histoire du Gorle, (prononce [gourlé]) charbonnier croquant combattant d’une hasardeuse mais juste cause, de Marius, garçon de salle d’auberge, loué à huit ans chez une patronne extravagante, de Kièn, cet Annamite déporté au travail forcé du marais, pendant la dernière guerre et devenu héros de la Résistance, du Tango de l’Etang aussi loufoque que ma copine Valentine, et même l’histoire de la vieille Lia qui cueille le roseau et le vime sous Commarque et qui conte aux gendarmes.
C’est un spectacle raconté pour adultes, qui dure 1h30 environ.
La Beune, ça se hume, ça s’écoute, ça se devine, ça se piète…
Sors du chemin. Marche dans le creux de la vallée, évite les bottes en caoutchouc qui s’imposent au premier quidam citadin qui a peur de se mouiller les pieds (on va tolérer pour cette fois). Il te faut des chaussures qui vont laisser passer la fraicheur de l’eau et de la boue. L’idéal c’est nu-pied. Goûte la viscosité de la fange, sa profondeur, sa froideur, sa « pégance », sa « gaulhitude »… Les mots en français pour parler du marais ne vont pas bien, il te faut connaître les mots en oc, bien plus précis.
Écarte les mains et caresse la roselière, la rausa, la canavèle ou le roseau à gros chatons. En passant, tu éprouves le coupant des feuilles, leur séché, leur rèche.
Ferme les yeux et glisse-toi sous les feuillages, avance sous les effleurements du vime, du trémoul ou du vergne, sens bien leur différence d’abattis et de fraicheur d’ombre. Parfois une ronce viendra te rappeler son attachement, ne tire pas bêtement, contourne-la, fais-lui sentir que tu l’aimes aussi, elle te laissera partir sans encombre.
Si tu as un peu de sensibilité et quelque savoir, laisse-toi gagner par le souvenir de leur épopée, aux temps pas si lointains des moulins à grain, à huile, à cuir, à chanvre, à laine, à fer, qui jalonnaient leur cours. Imagine la foison de travailleurs qui vivaient là !
Rappelle-toi les châteaux ou maisons fortes qui profitaient de ce fourmillement humain sur les grands chemins et qui y prélevaient leur manne, se faisant tantôt protecteurs, tantôt brigands de sac et de corde ou les deux à la fois…
Tout ça n’existe plus, tu trouveras ces souvenirs dans quelques monographies de natifs ou dans leur mémoire, quand ils l’ont entretenue. Ecoute-les, ils t’en raconteront de belles !
Mais surtout, apprends bien à renifler le vent de Beune, c’est lui qui raconte les histoires du temps passé, l’histoire du Gorle, (prononce [gourlé]) charbonnier croquant combattant d’une hasardeuse mais juste cause, de Marius, garçon de salle d’auberge, loué à huit ans chez une patronne extravagante, de Kièn, cet Annamite déporté au travail forcé du marais, pendant la dernière guerre et devenu héros de la Résistance, du Tango de l’Etang aussi loufoque que ma copine Valentine, et même l’histoire de la vieille Lia qui cueille le roseau et le vime sous Commarque et qui conte aux gendarmes.
C’est un spectacle raconté pour adultes, qui dure 1h30 environ.
Tarif plein 12€, adhérents 10€, enfants de moins de 12 ans et demandeurs d’emploi 5€
Réservations au 06 32 36 69 66